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HISTOIRES

Le big data peut-il aider les journalistes à lutter contre les stéréotypes et les préjugés ?

04 octobre 2016
Le big data peut-il aider les journalistes à lutter contre les stéréotypes et les préjugés ?

L'édition 2016 du Festival Prix Italia s'est intéressée à la manière dont les données massives, communément appelées big data, sont en train de changer le mode de narration (storytelling) des médias. Guillaume Klossa, qui pilote l'initiative de l'UER sur le big data, a animé une table ronde de chercheurs et journalistes spécialistes des données, qui ont débattu des nouvelles perspectives que le big data peut offrir sur l'actualité.

« Le big data est en train de révolutionner la manière dont l'information est découverte, vérifiée et relatée », a affirmé Guillaume Klossa pour lancer le débat, au cours duquel une attention privilégiée a été accordée à l’utilisation du big data pour rendre compte du parcours des migrants et réfugiés qui cherchent refuge en Europe.  

Les intervenants ont aussi été invités à réfléchir à l’évolution du journalisme et du storytelling dans les médias, ainsi qu'à la manière dont les stratégies en matière de contenu fondé sur les données peuvent être mises à profit pour refléter plus fidèlement la réalité et éviter les clichés. La discussion en panel a été retransmise sur plusieurs stations régionales de la RAI et un enregistrement est disponible en ligne sur le site web de la RAI

Le journaliste Sylvain Lapoix, l'un des créateurs de l’émission « #DataGueule » diffusée sur France 4, a évoqué les moyens qui s'offrent aux médias de service public pour utiliser des données et des infographiques et ainsi offrir aux téléspectateurs une nouvelle perspective. Au cours du débat, il a présenté l’épisode que #DataGueule a consacré à l’immigration, intitulé « Migrants, mi-hommes ». Objectif : combattre les stéréotypes sur les réfugiés et les migrants en les présentant non plus seulement comme des “migrants”, mais comme des personnes bien réelles, comme des hommes".  

Katrina Stravoula, lauréate du Prix de la presse européenne en 2015, a exhorté les médias et les organismes de médias de service public à innover davantage et à expérimenter de nouvelles pratiques journalistiques, telles que le journalisme de données. 

Selon elle, le journalisme de données revêt une importance capitale, car il permet aux journalistes de mieux appréhender et comprendre les faits. Il leur fournit également de précieuses sources de données pour leurs sujets.

Le manque de bases de données adéquates entrave cependant bien souvent la réalisation d'un travail journalistique de qualité. Pour remédier en partie à ce problème dans le contexte des migrations actuelles, Mme Stravoula, en collaboration avec un consortium de journalistes de plus de 15 pays européens, a lancé le projet « The Migrants Files », qui vise à créer une base de données relatives à l’arrivée, au décès et à la survie de migrants et, ce faisant, à influencer la manière dont les responsables politiques se saisissent de cette problématique et attribuent des ressources en conséquence.  

Paolo Ciuccarelli, chargé de cours à l’École polytechnique de Milan, a quant à lui souligné l'importance d'une analyse quantitative des données relatives aux migrants et aux réfugiés, tout en précisant qu'un tel outil ne suffit pas à lui seul : on devrait également exploiter le big data pour analyser l’opinion et la perception du public. Le travail que réalise M. Ciuccarelli au sein du Density Design Research Lab porte sur l’utilisation de différents types de données afin de mieux comprendre comment les médias sont susceptibles d'influer sur le sentiment général vis-à-vis des migrants et des réfugiés. 

Guillaume Klossa a déclaré en guise de conclusion : « Le big data donne de nouvelles responsabilités au journalisme. Une collaboration transnationale entre organismes de médias responsables politiques, universités et centres de recherche est nécessaire ». L’initiative de l'UER sur le big data de l’UER s'intéresse à la possibilité qu'offrent les données massives aux médias de service public de concevoir de nouvelles formes de contenu et de nouveaux modes de présentation de l’information.

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