Alors que nous nous apprêtons à tourner définitivement le dos à 2017 et à aborder 2018 du bon pied, le moment me paraît opportun pour réfléchir à la situation des médias de service public (MSP) et pour s'interroger sur ce que réserve cette nouvelle année à l'UER.
Il serait bien trop facile de présager un avenir sombre à la radiodiffusion de service public en 2018. Certes, elle est actuellement confrontée à des défis sans précédent, notamment sur les fronts politique et financier. La Suisse, où se trouve le siège de notre Union, pourrait devenir le premier pays européen sans radiodiffuseur de service public, à l'issue du référendum sur la redevance audiovisuelle qui se tiendra début mars.
Nos travaux de recherche les plus récents font apparaître une baisse de 2,8% des moyens alloués aux MSP sur les quatre dernières années. Soucieux de continuer à produire des contenus de qualité et de les mettre à la disposition sur toutes les plateformes et dans tous les formats, afin de toucher le public le plus large possible, nos Membres se retrouvent donc contraints de faire plus avec moins. De surcroît, ils affrontent désormais la concurrence de nouveaux producteurs et agrégateurs de contenu, qui tentent de les évincer du marché des contenus les plus prisés.
Face à ce constat, l'on pourrait être tenté de prédire un avenir sombre aux médias de service public.
Je reste néanmoins optimiste, étant intimement convaincu que nos téléspectateurs et auditeurs sont de plus en plus nombreux à prendre pleinement conscience de l'utilité que présentent des MSP solides, dynamiques et correctement financés. La télévision, et plus encore la radio, demeurent en effet les médias jugés les plus dignes de confiance. Et dans les pays où les MSP sont bien implantés, le public affiche une plus grande confiance à l'égard des médias.
Il s'agit là d'un constat dont nous pouvons nous féliciter, tout particulièrement dans un monde marqué par un recul sans précédent de la confiance dans les médias et, plus généralement, dans les institutions traditionnelles.
Je suis convaincu que nous pouvons accomplir de grandes choses en unissant nos efforts à ceux des autres acteurs du secteur audiovisuel, et non en nous opposant frontalement à eux. En cette nouvelle année, Mark Zuckerberg a pris la résolution de perfectionner Facebook, car il est tout à fait conscient de l'impact négatif qu'a eu l'incapacité de son réseau social à lutter contre les fausses nouvelles (fake news) et à gérer les contenus préjudiciables. Ce ne sont pas moins de 63% des répondants à l'Edelman Trust Barometer 2018 qui ont affirmé ne pas savoir différencier un reportage sérieux d'une rumeur ou d'une information erronée. Ils se sont aussi dits incapables de dire si un reportage est réalisé par un organisme de médias digne de ce nom.
Il y a là une occasion à saisir pour les MSP. Les grands réseaux sociaux tels que Facebook ne peuvent en effet pas se passer de contenus fiables s'ils veulent redevenir crédibles et reconquérir la confiance de leurs utilisateurs. Nous devons donc veiller à nous adresser aux natifs du numérique et nous efforcer de monétiser les contenus que nous mettons à disposition sur les médias sociaux.
Cette année, nous allons donc tisser des liens plus étroits avec les grands médias sociaux et même nouer un dialogue direct avec eux, afin de bien leur faire comprendre les défis auxquels nos Membres sont confrontés.
En ce qui me concerne plus particulièrement, je ferai partie du groupe à haut niveau que la Commission européenne a créé sur les fake news et la désinformation. J'y siégerai notamment aux côtés de responsables politiques et de représentants de géants du Net et de radiodiffuseurs. Dans ce cadre, j'aurai notamment pour mission de faire comprendre à la Commission le rôle que les médias de service public peuvent jouer pour contrer l'essor des fake news et pour œuvrer à l'instauration de relations plus équilibrées avec les plateformes en ligne et les réseaux sociaux.
Les partenariats ont toujours occupé une place de choix à l'UER. Ainsi donc, notre Département Technologie & Innovation travaille depuis de nombreuses années en collaboration avec des radiodiffuseurs, des spécialistes techniques et des fabricants afin de définir des normes communes pour le secteur audiovisuel. Notre projet Showcase offre un exemple éclatant des partenariats que nous savons nouer : il encourage en effet les fabricants à assurer la compatibilité de leurs produits basés sur IP et les aide à gérer plus efficacement leurs équipements utilisant cette technologie.
Je me réjouis en outre de voir notre ambitieux projet MediaRoad commencer à porter ses fruits en 2018 : il entend en effet constituer un réseau d'organismes de médias européens et de chercheurs, de représentants des industries culturelles et créatives, d'experts techniques et d'entrepreneurs, afin de définir une vision commune de l'innovation future pour le secteur audiovisuel.
En travaillant ensemble, nous sommes capables de grandes choses. Nous comptons donc, en 2018, intensifier notre collaboration tant avec nos Membres qu'avec les autres acteurs majeurs de la sphère audiovisuelle. Pour ce faire, nous ambitionnons de conclure davantage de contrats sportifs pour le compte de nos Membres, d'élaborer de nouveaux modèles de collaboration dans le domaine de la fiction, et surtout de tirer pleinement parti de la force de frappe de notre Union pour assurer aux médias européens de service public un avenir radieux.