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Incertitude et perturbations caractériseront le secteur audiovisuel en 2023

06 février 2023
Incertitude et perturbations caractériseront le secteur audiovisuel en 2023

Le secteur audiovisuel évolue à un rythme soutenu sous l’effet des nouvelles technologies, des attentes changeantes du public, de la concurrence et des modèles de financement.

Les modes de production et de « consommation » des contenus audiovisuels sont appelés à changer radicalement au cours des prochaines années, au fur et à mesure que les médias utilisent de nouvelles technologies de production et méthodes de distribution. Dans le même temps, les difficultés causées par la concurrence, le financement et les pressions politiques devraient avoir des conséquences importantes.

À moyen terme, les médias de service public (MSP) européens seront confrontés à un certain nombre de défis, mais verront aussi de nouvelles perspectives s’ouvrir à eux. Cet article met en lumière cinq éléments qui devraient perturber le marché et se répercuter sur le paysage audiovisuel en 2023.

1. Publicité et FAST Channels

Si un phénomène a marqué l’année 2022, c’est le renouveau de la publicité. les FAST Channels (Free Ad-Supported Television), ou chaînes de télévision linéaire gratuites avec publicité, continuent à monter en puissance et les streamers passent à l'hybride.

Certes, les chaînes linéaires diffusant de la publicité n’ont rien de nouveau, mais les FAST Channels sont en passe de conquérir très rapidement le public et les  propriétaires de contenu.  Dans le domaine de la vidéo à la demande, Netflix et Disney ont adopté des modèles hybrides pour améliorer leurs marges et accroître le nombre de leurs abonné.e.s. Netflix a enregistré des résultats de fin d'année mitigés, mais peut s’enorgueillir de compter un nombre croissant d'abonné.e.s, même si ses bénéfices sont inférieurs aux attentes.

Cette tendance ne se vérifie cependant pas à l’échelle mondiale, puisque c’est en Amérique du Nord que les FAST Channels enregistrent plus de de 90 % de leurs recettes (Omdia). Dans cette région, produire des contenus de divertissement coûte cher et les options gratuites sont limitées, ce qui pousse les consommateur.rice.s vers ces plateformes. En Europe en revanche, les espaces numériques regorgent de contenus linéaires et souvent gratuits, et le Vieux Continent est intrinsèquement hostile à ces modèles de développement. 2023 devrait donc être une année décisive pour les FAST Channels.

2. Un jeune public toujours plus convoité

Le jeune public a beaucoup évolué, non seulement en ce qui concerne les plateformes qu’il utilise et les types de contenus qu’il « consomme », mais aussi en termes d'attitudes et de modes d'interaction, qui peuvent être très différents de ceux des générations précédentes.

En effet, la génération Z est depuis toujours immergée dans le monde numérique, saturée d'informations et, surtout, consciente de la nécessité de ne pas se fier totalement au contenu en ligne. Autant de défis pour les organismes de médias qui ont fort à faire pour nouer des liens avec leur public, asseoir leur place en tant que marque et plus important encore pour les MSP, préserver leurs valeurs.

Les plateformes privilégiées par le jeune public - notamment YouTube, TikTok et Instagram - correspondent davantage au désir de se rapprocher du créateur de contenu. C'est moins le cas de Facebook, qui à en croire certaines études, ne réussit à capter l’attention que de 2 % des adolescent.e.s américain.e.s.

Meta a déployé ses principales technologies d'IA et concentre désormais ses investissements sur la conception et la recommandation de produits. L'année 2023 devrait voir s’affronter, sur le terrain de l’intelligence artificielle, nouvelles méthodes de deep learning et apprentissage automatique, plus traditionnel (TikTok).

3. « Désinformation critique » : la prudence est de mise

À l'ère numérique, il est de plus en plus difficile de nouer des liens de confiance, car les fausses informations se propagent rapidement et facilement. Les fake news sont parfois involontaires, elles peuvent être disséminées sur un malentendu ou diffusées délibérément, avec le risque qu’elles finissent par passer pour du contenu légitime des médias de service public.

Pour instaurer la confiance, les diffuseurs doivent faire preuve de transparence quant à leurs sources et à leurs processus, tout en continuant à suivre une démarche qualitative. Les plateformes numériques et les médias sociaux servant de plus en plus de portails d'information, les médias audiovisuels doivent comprendre comment leur contenu est partagé. Ils doivent passer du statut de distributeurs passifs à celui d'acteurs actifs du suivi de leurs contenus et des interactions suscitées par ceux-ci ; ils doivent aussi fournir des outils et des solutions pour aider à lutter contre la désinformation.

Il est à espérer que 2023 sera l'année où de nouveaux outils, techniques et collaborations seront mis en œuvre pour lutter contre la désinformation délibérée. Car la désinformation cause non seulement des préjudices à la société, mais elle entraîne également de profondes répercussions sur le fonctionnement de nos démocraties.

Les gouvernements devront adopter de nouvelles politiques et confier de nouvelles missions. Quant aux plateformes, elles devront se montrer enclines à coopérer. Dans ce contexte les MSP, compte tenu de leur rôle par nature impartial par nature, feront partie des rares entités à pouvoir jouer un rôle modérateur.

4. Expériences du monde ouvert

Un véritable métavers n'existe pas encore, mais pour les plateformes actuelles de « proto-métavers », aussi appelées « expériences de monde ouvert » (open-world experiences), 2023 devrait être une année charnière.

À la fin de l'année 2022, Meta et Microsoft ont décidé de se détourner du métavers, et ont supprimé chacune près de 10 000 emplois. Dans cet espace, le modèle de génération de revenus n’est toujours pas clairement défini et dans le sillage de la pandémie, des décisions difficiles ont dû être prises.

Les « expériences de monde ouvert », en revanche, réussissent à fidéliser le public et montent progressivement en puissance.

Ces changements se reflètent peu à peu dans la création de contenu, les concepteurs et conceptrices de contenu indépendant.e.s pouvant travailler à plein temps dans ces espaces. Les productions de qualité professionnelle sont également en mesure de susciter un intérêt considérable, même si les revenus ne sont pas encore comparables aux normes sectorielles.

Pour les diffuseurs, il est primordial que les techniques de distribution existantes soient compatibles avec ces plateformes. L’an dernier, l'AC Milan a diffusé un match contre la Fiorentina en utilisant The Nemesis comme plateforme, à l’aide d’une reproduction de son flux.

L'année 2023 montrera si les « expériences de monde ouvert » sont appelées à devenir les nouvelles plateformes numériques, utilisées par le plus grand nombre, ou si elles sont vouées à rester une niche pour gamers.

5. Production et distribution : l'IA, la prochaine frontière

Les nouvelles technologies sont appelées à façonner l’avenir de la production audiovisuelle en Europe. La 5G a défini des cas d'utilisation pour le contenu en direct, tandis que le cloud et la production à distance révolutionnent les besoins en ce qui concerne le personnel, les déplacements et l’organisation générale des tâches.

À mesure que ces technologies se développent, des techniques de production virtuelle plus sophistiquées et en temps réel deviennent envisageables. L’IA pourra par exemple être utilisée pour simplifier les compétences requises par la production. Cette technologie peut en effet être entraînée aux logiciels de montage et utilisée même par une personne néophyte pour effectuer cette tâche. Les nouvelles compétences seront plus aisément transmissibles et il devrait être de plus en plus facile de se familiariser avec l’IA.

Un large éventail d'applications devrait en outre être mis au point à l’aide de cette technologie en dehors du processus de production, par exemple pour la rédaction et la vérification des faits. Baptisé « Vu d’Europe », le projet de plateforme numérique d’échange de sujets lancé par l'UER utilise l'IA pour automatiser la transcription et la traduction, ce qui permet d’utiliser le contenu dans plusieurs langues, de manière fluide.

Dans le domaine de la distribution, les outils d'IA pourraient à terme remplacer les moteurs de recommandation algorithmiques basés sur des clusters et privilégier les techniques de deep learning pour générer leurs propres préférences utilisateur.

L'année 2022 a vu le déploiement d'un large éventail d'outils d'IA prêts à être utilisés par les consommateurs et consommatrices, notamment le tristement célèbre ChatGPT et le générateur d’images DALL-E 2. Ces outils sont intéressants et s’ils sont bien utilisés, ils peuvent produire des résultat impressionnants. 2023 devrait être l'année où les techniques d'IA passeront du statut de nouveauté à celui d’outils à vocation généraliste.

 

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